Les Maréchaux sont une des limites historiques de la ville de Paris. Cet ensemble de boulevards ceinture la ville et annonce le territoire plus discontinu de la banlieue parisienne. A l’opposé du centre historique, cette zone péri-urbaine perd en densité, se détend, laisse une place à l’aléatoire et se révèle propice à une dérive. Empruntés par les citadins, les boulevards des Maréchaux constituent d’abord un espace de circulation utilitaire. Ils sont pour la plupart bordés d’habitations collectives, immeubles modernes aux formes régulières. La nuit, les flux s’amenuisent et laissent découvert un territoire où nature et architecture se juxtaposent, cohabitent puis s’affrontent.
Parisien, je me suis laissé dépayser dans cette frange urbaine. Très vite, la nature, toute aussi paradoxale que son environnement, est devenue le sujet de mes promenades nocturnes. Ces arbres, arbustes et grimpants ne possèdent ni la grâce des essences rares des grands parcs parisien, ni la liberté sauvage de la campagne. C’est une nature combattante, survivante. Elle porte, comme l’architecture qui la côtoie, les traces d’une lutte : Les arbres sont amputés, les grimpants arrachés, les murs des immeubles sont agrippés voire rongés. Ces images révèlent les traces de ce rapport conflictuel.